DCUBE: et la lumière fut
L’entreprise illumine boutiques, vitrines, musées et projets architecturaux de luxe. Rencontre avec son flamboyant fondateur.
L’aventure de DCUBE a commencé par une passion de son fondateur Davide Oppizzi: celle d’apporter de la lumière là où réside l’ombre. Il constatait alors que «les bijoutiers et les horlogers avaient beau créer des vitrines magiques, avec des matériaux nobles... à chaque fois que l’on allumait la lumière, c’était la catastrophe! L’œuvre n’était pas mise en valeur.» Nous sommes en 2001, et le créateur italo-suisse décide de combler ce manque en imaginant une toute petite lampe en led «grande comme un doigt, avec trois yeux».
Il la baptise «Eclipse». Cette invention est rapidement adoptée par Baume & Mercier, et l’affaire décolle juste après le Salon international de la haute horlogerie en 2003. «Les gens ont demandé où trouver ces lampes, j’ai répondu spontanément «chez moi»! Mais je n’avais aucune structure logistique car jusque-là je ne vendais que quelques pièces par-ci, par-là. On a donc rapidement fondé DCUBE logistics avec Luxed à Bâle, une société spécialisée dans la logistique d’éclairage.»
Le succès grimpe encore quelques échelons lorsque Chanel choisit cette fameuse petite lampe pour illuminer ses vitrines mondiales. «Après ça, toutes les marques ont suivi», raconte Davide Oppizzi, dynamique quadra au large sourire et aux yeux noirs pétillants.
Patek Philippe, Montblanc, Hublot, Vache- ron Constantin... DCUBE cumule les man- dats prestigieux, éclaire la boutique Louis Vuitton aux Champs-Elysées, Fred Joaillier à la place Vendôme à Paris, Montblanc à Tokyo...
Aujourd’hui, Eclipse génère en moyenne 1,2 million d’euros de chiffre d’affaires par an sur les ventes mondiales, sur lesquelles DCUBE touche des royalties. Un véritable succès made in Switzerland, qui permet à Davide Oppizzi, fourmillant créateur tou- jours accompagné de son carnet de croquis, de se concentrer sur une pléthore d’autres projets.
Côté lumières, cette petite entreprise – dont le show room et le bureau d’études sont situés en campagne genevoise – décrypte sa particularité: «Nous travaillons la lumière en tant qu’émotion. Nous étudions les habitudes de mouvements dans un lieu avant toute décision d’implantation de la lumière. Mais il faut passer par l’éducation. Avant, aucun budget n’était alloué pour la lumière. Alors qu’il faudrait imaginer 20 à 40% d’investissement sur l’éclairage d’un projet.»
PLONGÉE DANS L’UNIVERS DU BAIN
Et puisque Davide Oppizzi ne s’arrête jamais – il faut voir son atelier de Confignon où les clients, «de la ménagère à la grand-mère en passant par le chef d’entreprise», viennent se faire conseiller – il ne cesse de développer des collections de lampes, de mobilier, et s’est penché plus récemment sur l’univers du bain. Parmi les nombreuses créations qui seront présentées dans un mois au Salon du mobilier contemporain de New York (ICFF): un concept de robinetterie façon joystick de jeux vidéo, avec anneau lumineux rouge ou bleu selon la température de l’eau, pour la marque américaine Graff.
Parallèlement, il poursuit aussi son exploration des technologies vertes. Après avoir imaginé en 2008 un tube solaire portable autonome, il lancera ce printemps un nouveau concept de pavillons photo-voltaïques pour abriter les véhicules électriques. «J’ai une passion pour la fonctionnalité, les lignes pures, l’écologie et l’éthique. Mais je ne suis pas un suiveur de tendances... Le monde est tellement encombré, je n’aimerais pas faire des produits qui meurent au bout de deux mois.» Camille Destraz pour Bilan Magazine